dimanche 10 octobre 2010

Je suis le chapeau d'Alex Cousseau

Chapeau Mr Cousseau! On a lu votre livre Agathe (12 ans) et moi ( la mère) avec le même intérêt. L'histoire commence froidement au Groenland en 1912 par un accouchement dramatique. Il y a là Aterangui, fillette de 9 ans, témoin muet mais dont la belle énergie désespérée sauvera Oukiok, le petit frère nouveau-né. Elle est habitée la nuit de rêves qui parlent de choses étranges qu'Oukiok tentera de décrypter dès qu'il sera en âge de le faire. Leur monde clos est timidement percé par des explorateurs blancs et définitivement ébranlé lorsque leur père meurt en chassant un ours coiffé d'un chapeau. Ce serait celui de Knud Rasmussen... C'est là que la fiction croise la réalité puisque celui-ci est un anthropologue danois qui a consacré sa vie à étudier les esquimaux. Les deux gamins vont entreprendre une course folle à travers leur pays jusqu'en Ecosse pour rendre à son propriétaire le fameux chapeau. Il symbolise parfaitement comment notre monde ne peut s'adapter à une tête d'ours sans le faire tourner sur lui-même jusqu'à la folie. Au-delà de cet aspect philosophique du livre qui témoigne pour les inuits de leur vie profonde en harmonie avec des éléments durs, l'aventure rebondit sans cesse au gré des rencontres. On croise le tournage d'un documentaire qui a fait date dans l'histoire du cinéma : "Nanouk of the North" de Robert Flaherty. C'est poignant de sentir combien l'intrusion du mode de vie blanc sur la banquise est destructeur du sens même de la vie des inuits, révoltant parce que le combat est inégal et l'on sait les dégâts qui en résultent aujourd'hui. A la fin du livre, le temps s'accèlère avec une actualité mondiale qui marche vers la guerre. Les évènements asphyxient l'aventure et la quête. Le Groenland devient un enjeu stratégique contre lequel toute la magie des inuits est dérisoire. J'aime quand les livres jeunesse font vibrer la corde lointaine de l'enfance quand on est une grande personne qui lit des ouvrages "sérieux". C'était bien, tout simplement.

Aucun commentaire: