jeudi 3 septembre 2015

Le Beau Temps de Maryline Desbiolles aux éditions du Seuil

Maryline Desbiolles poursuit discrètement un chemin d'écriture. On sait qu'il y aura des rencontres, des étapes imprévues, des arrêts du cœur pour plonger vers ce qui tient l'homme debout ou pas. Des histoires déroulées toujours sur fond de pays niçois, au point qu'on se dit qu'on y regardera mieux la prochaine fois, qu'on saura s'y arrêter un peu. Maryline Desbiolles est une insurgée, contre l'insignifiance. Son œuvre se rassemble autour du rêve, des morts qu'elle ne veut pas oublier, des vivants qu'elle sort de l'anonymat, de la géographie qui prend sens. Elle dit que le texte donne de l'écriture à ceux qui n'en ont pas, et cette générosité là est palpable, sensible quand elle fait revenir Maurice Jaubert. Elle libère la vie dans ses pages, défiant la chronologie, revenant sur ses pas comme on s'attarde sur des souvenirs. Elle écrit qu'elle "marche avec Maurice Jaubert" qu'elle "soulève des pierres". Il est né un 3 Janvier 1900. Plus jeune avocat de France à 19 ans, il  se consacrera entièrement à la musique dès 1922 pour donner à la musique de film un élan novateur avec Jean Vigo, René Clair.  Il jouera au train avec Jean Renoir, rencontrera Honegger, défendra Kurt Weill, aimera une chanteuse, et Maurice Ravel sera témoin à son mariage, drôle d'histoire par ailleurs. Un homme vivant, chaleureux et subtil à qui Truffaut rendra hommage dans plusieurs de ses films. Malgré la seconde guerre mondiale qui se profile, une immense énergie créatrice transcende l'époque. Ce livre envoute par son rythme de promenade et l'imagination enthousiaste de Maryline Desbiolles sculpte un corps, un esprit, un homme dans toutes ses dimensions. L'hommage est talentueux. Il fait de ce livre de la rentrée littéraire un bijou précieux qui donne souffle à un homme, comme si vous l'aviez connu et aimé. C'est toute la richesse de la littérature quand des personnages élargissent le champ de nos relations au monde et se créent une place dans nos souvenirs. Vous aurez envie de regarder la Chambre Verte de François Truffaut, d'écouter de la musique, d'étudier des peintures, vous irez à Nice, vous serez hanté, vous rêverez de Beau Temps....

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