Fille d'exilés espagnols, Lydie Salvayre a fait des études de
lettre avant de bifurquer vers la médecine et la psychiatrie, ce
virement étant en lien avec la maladie de son père.
La Puissance des Mouches,
quand on connait sa biographie est un livre qui parle d'elle. Il y a
l'omniprésence des Pensées de Pascal, puis cet homme fils d'émigrés
espagnols et sa folie qui sert de trame à cette histoire pleine de
hargne et de règlements de compte avec la vie de couple, les relations
filiales, la culture.
Sans concession un gardien de musée se livre
entre les murs de la prison au juge, à l'infirmier, à son avocat. Il
raconte les visites au musée de Port-royal des Champs avec les touristes
incultes ou prétentieux, les visiteurs importants dont on flatte la
maigre culture. A la moindre occasion, il se sert des Pensées de Pascal
comme d'un étendard et avec tellement d'à propos qu'on s'y plongerait
volontier à notre tour. Les relations qu'il entretient avec sa femme
entre sadisme et pitié sont décortiquées avec sarcasme. Sa haine qui
remonte à son enfance saccagée par un père violent se libère comme un
flot continu d'observations à la fois lucides et cruelles, nous
entrainant dans les filets de son délire. Un souffle putride qui remonte
des profondeurs se dégage de ce livre qu'on dévore cependant inquiet
d'y trouver des vérités qui blessent à côté desquelles on passe trop
souvent sans vouloir s'y attarder.
Une Pensée de Pascal pour le
plaisir : "L'homme connaît qu'il est misérable ; il est donc misérable
puisqu'il l'est ; mais il est bien grand, puisqu'il le connaît."
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