mardi 10 novembre 2009

La Puissance des Mouches de Lydie Salvayre aux éditions Points

Fille d'exilés espagnols, Lydie Salvayre a fait des études de lettre avant de bifurquer vers la médecine et la psychiatrie, ce virement étant en lien avec la maladie de son père.
La Puissance des Mouches, quand on connait sa biographie est un livre qui parle d'elle. Il y a l'omniprésence des Pensées de Pascal, puis cet homme fils d'émigrés espagnols et sa folie qui sert de trame à cette histoire pleine de hargne et de règlements de compte avec la vie de couple, les relations filiales, la culture.
Sans concession un gardien de musée se livre entre les murs de la prison au juge, à l'infirmier, à son avocat. Il raconte les visites au musée de Port-royal des Champs avec les touristes incultes ou prétentieux, les visiteurs importants dont on flatte la maigre culture. A la moindre occasion, il se sert des Pensées de Pascal comme d'un étendard et avec tellement d'à propos qu'on s'y plongerait volontier à notre tour. Les relations qu'il entretient avec sa femme entre sadisme et pitié sont décortiquées avec sarcasme. Sa haine qui remonte à son enfance saccagée par un père violent se libère comme un flot continu d'observations à la fois lucides et cruelles, nous entrainant dans les filets de son délire. Un souffle putride qui remonte des profondeurs se dégage de ce livre qu'on dévore cependant inquiet d'y trouver des vérités qui blessent à côté desquelles on passe trop souvent sans vouloir s'y attarder.
Une Pensée de Pascal pour le plaisir : "L'homme connaît qu'il est misérable ; il est donc misérable puisqu'il l'est ; mais il est bien grand, puisqu'il le connaît."

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