dimanche 26 février 2012

Il faudrait s'arracher le coeur de Dominique Fabre aux éditions de L'Olivier

Sélectionné pour le prix France Culture Télérama


Il y a des jours où les piles de livres affolent, où l'on voudrait avoir fini avant d'avoir lu. Mais il y a des livres qui font de la résistance, ceux que l'on repose d'impatience ou que finalement on lit doucement pour apprécier pleinement leurs qualités. Il faudrait m'arracher le cœur impose son rythme grâce à la très belle écriture de Dominique Fabre. Trois nouvelles distillent lentement une nostalgie des années quatre-vingt. En menus instantanés, polaroids redécouverts dans une mémoire à vif, le narrateur est un témoin silencieux, indécis presque là par hasard encore à tâtonner sur les murs de sa vie adulte. Il y a ce jeune homme qui par deux fois tente de mettre fin à ses jours par amour, il le sauve, plus perdu que lui au fond devant une porte d'appartement en bois clair et le service des urgences. Des questions qui ne sont pas posées et la vie s'écoule, c'était avant, "il faudrait s'arracher le cœur". Des personnages qui cherchent à fuir comme ce père dans "Je crois que je vais devoir vous quitter" et la grand-mère dont la mémoire s'échappe dans "Qu'est-ce que je voulais dire?". Ils sont pathétiques, si désarmés et les regrets du narrateur entre chaque ligne font sourdre une tristesse mélancolique qui donne toute la tonalité de ce beau livre et du sens au travail d'écriture.

"Au bout d'un certain nombre d'années, tous les mots vous font penser à des gens, et les gens disparaitront, mais pas les mots. Les mots ne disparaitront jamais tout à fait. Alors, on croit savoir ce qu'il nous reste à faire de notre vie." p47

Aucun commentaire: