jeudi 15 mars 2012

Le dernier contingent de Alain Julien Rudefoucauld aux éditions Tristram

On peut écrire de belles phrases sur la misère humaine pour réveiller les consciences et par la même interroger le Français caché dans une campagne bucolique où ses enfants s'ébattent en toute innocence. En général, on préfère, ça fait moins mal. Alain Julien Rudefoucauld, lui,  a choisi l'horreur de l'éructation.  Il vomit des mots de colère, de peur, d'animaux pourchassés. L'effet est garanti, le résultat déstabilisant. Au bout de 225 pages je suis épuisée, j'ai envie que ça s'arrête et je n'ai pas envie d'y croire  à ce monde où plus rien ne fonctionne. C'est une autre planète. J'admire le tour de force d'une écriture à vif, irrespirable. Tous ces mômes martyrisés par la violence sexuelle, familiale, sociale qui n'ont autour d'eux que des adultes fantômatiques, robotisés par le système judiciaire et pénal sont dépecés sous nos yeux de voyeurs incrédules. Quel message veut faire passer Le dernier contingent? Est-ce qu'on lit pour se faire mal?
En même temps, je continue, c'est irrépressible. La puissante évocation de ce monde où Alain Julien Rudefoucauld bouleverse les gens en en leur mettant le nez là où ils ne veulent surtout pas le mettre. Il confirme qu'un des rôles de la littérature est de nous faire vivre d'autres vies et de nous en faire comprendre les ressorts. Il nous lie à ce roman techniquement par des phrases très ponctuées et infinies qui se relaient d'un personnage à l'autre. Un roman météore dans une tendance à la littérature autofictionnelle, peut-être même compassionnelle avec des styles d'écriture bien sages comparés au Dernier contingent... Allez bonne lecture, ce livre mérite bien qu'on s'y blesse.

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