dimanche 29 janvier 2012

La Trilogie des confins de Cormac McCarthy traduit de l'anglais par François Hirsch et Patricia Schaeffer aux éditions de l'Olivier

Il est indéniable que La route est le livre le plus connu de Cormac McCarthy. La Trilogie des Confins qui regroupe en un volume De si jolis chevaux (1992), Le Grand Passage (1994) et Des Villes dans la Plaine (1998) est sortie en Novembre 2011.  C'est le moment de s'immerger dans l'immense beauté de cette oeuvre. Que la sueur des cows-boys ne vous fasse pas dilater les narines, que les chevaux soient pour vous la passion de quelques rêveurs et que les grands espaces ne vous fascinent pas, peu importe, l'univers de Cormac McCarthy deviendra vôtre malgré tout.  Sur l'immensité, dans la poussière des chevauchées, à côté de la beauté du monde s'écrit un destin que les désirs enflamment mais que la réalité assassine. A l'image de John Grady Cole, qui a seize ans quitte le Texas où le ranch familial va être vendu, faute d'être rentable. Il part pour le Mexique avec son meilleur ami Rawlins. Il y espère un avenir plus rose qu'au Texas. Cole a un véritable don pour les chevaux
Sur sa route, il rencontre Blevins un gamin avec pour seule richesse un cheval splendide qu'il perd un soir d'orage effrayé par la foudre. C'est là que le destin de John Grady Cole se noue et le rattrape plus tard alors qu'il étreint amoureux la belle mexicaine Alejandra. Blevins en voulant récupérer son cheval tue un policier et deux civils. Accusés de complicité, ils sont tous les trois jetés en prison, donnés en pâture à la cruauté, à la violence de l'univers carcéral. Cole est sauvé comme Rowlins mais il est à moitié mort portant sur sa peau les blessures profondes d'un amour perdu et de son impuissance à maitriser son bonheur comme un cheval fougueux dont il faudrait sans cesse tenir la longe bien courte. Le sommet du livre est dans son ultime rencontre avec la grande tante d'Alejandra, un discours sur le destin, le courage, l'amour et le chaos.

p 140 : " Vers le milieu de la matinée huit chevaux étaient attachés et les huit autres étaient plus farouches que des biches, se dispersant le long de la clôture et se regroupant et galopant dans une mer tourbillonnante de poussière à mesure que la chaleur du jour augmentait, comprenant peu à peu ce qu'avait d'inéluctable cette abnégation de leur être fluide et collectif réduit à cet état de paralysie solitaire et impuissante qui semblait être parmi eux comme une insidieuse épidémie."

p 287: " Je voulais de toutes mes forces devenir une personne de mérite et j'étais bien obligée de me demander comment cela est possible si l'on n'a pas dans sa vie quelque chose comme une âme ou comme un esprit qui est en nous et qui peut subir n'importe quel malheur ou n'importe quelle difformité sans être diminué.  Pour une personne de mérite ce mérite ne peut être un état tributaire des caprices du hasard. Il faut que ce soit une qualité qui  ne peut pas changer. Quoi qu'il arrive. Bien avant le lever du jour je savais que ce que je cherchais à découvrir c'était quelque chose que j'avais toujours su. Que tout courage est une forme de fidélité. Que c'est toujours à soi-même que le lâche renonce en premier. Après cela toutes les autres trahisons deviennent faciles."

Je signale un très bel article dans le magazine littéraire de Janvier 2012 sur cette sortie en un volume : "La métaphysique du ranch" par Alexis Brocas

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