dimanche 15 mai 2011

Amour de Hanne Orstavik aux éditions les Allusifs traduit du Norvégien par Céline Romand Monnier


Couverture de livre rose, gâteau crémeux pour un titre comme une provocation : Amour. On se demande bien dans quelle histoire va nous entrainer Hanne Orstavik. Vibeke et Jon , mère et fils viennent d'emménager dans une ville du Nord de la Norvège. Dehors le froid, la couche de neige est épaisse. Jon sort vendre des tickets de tombola pour son club sportif. Demain, il aura neuf ans et il a vu dans une vitrine une locomotive. Dans le bourg, la fête foraine s'est installée. Sa mère se prépare pour aller à la bibliothèque. Elle imagine qu'elle pourrait rencontrer quelqu'un, l'homme de sa vie peut-être. Les deux récits sont fortement imbriqués, tant qu'on passe des pensées de l'un à l'autre sans paragraphe. Ces deux êtres en quête de sens et d'affection sont dramatiquement seuls. Il y a quelque chose d'Andersen dans cette histoire entre La reine des glaces et La Petite fille aux allumettes. Très finement analysés les personnages effleurent le monde sans jamais y pénétrer tandis que le lecteur se sent oppressé par le danger qui rôde. Très réussi, émouvant et pathétique dans une écriture simple et fluide, ce livre témoigne avec brio des familles monoparentales.
"Quand je serai vieille, on partira en train. Loin, aussi loin que possible. Voir par la fenêtre des montagnes et des villes et des lacs, parler avec des gens d'autres pays. Etre ensemble tout le temps. Ne jamais arriver à la fin.
             Trois livres par semaine, souvent quatre, cinq,. Elle aurait voulu pouvoir passer son temps à lire, assise sur le lit sous sa couette, avec du café, plein de cigarettes, en chemise de nuit chaude. Elle aurait aussi pu se débarrasser de la télé, après tout je ne la regarde jamais, se dit-elle, mais Jon n'aurait sans doute pas voulu.
             Elle fait un  écart pour éviter une vieille dame qui avance cahin-caha en traînant un chariot gris sur la route verglacée. Il fait sombre, les murs de neige au-dessus de la route font de l'ombre, se dit Vibeke. Puis elle s'aperçoit qu'elle a oublié d'allumer ses phares et a fait quasiment toute la route jusqu'à la maison dans une voiture plongée dans l'obscurité. Elle les allume.
             Jon essaie de se retenir de cligner des yeux. Il n'y arrive pas. A cause des crampes des muscles autour de ses yeux. Le silence est absolu. Il attend le retour de Vibeke. Il essaie de garder les yeux ouverts et fixes, il braque son regard sur un point de l'autre côté de la fenêtre. Il y a au moins un mètre de neige. Dans la terre, sous la neige, vivent des souris. Avec leurs galeries et leurs canaux. Elles se rendent visite, se dit Jon, peut-être qu'elles s'apportent à manger."







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