dimanche 23 janvier 2011

Rosa candida de Audur Olafsdottir Editions Zulma

Un livre conte construit autour de personnages furieusement attachants mais aussi improbables. La vie s'acharne sur le héros et pourrait faire fuir celui qui chercherait une douce lecture mais non, surtout lisez! Arnljotur a un frère jumeau autiste et un vieux père à qui il manque trois ans pour être octogénaire. Il les quitte après le décès de la mère dans un accident de voiture où elle a communiqué avec son fils jusqu'à son dernier souffle sans que lui-même sache qu'elle vivait ces derniers instants. Arnljotur part donc avec ce bagage de souvenirs bien lourds et des rosa candida fragiles et précieuses, emportées de la serre, petit jardin merveilleux que le bon sens de sa mère avait fait naître dans ce pays de lave et au climat rude. Il doit au terme d'un road movie rocambolesque atterrir dans le jardin de roses d'un monastère afin de lui redonner sa magnificence originelle. Il veut y faire fleurir la fameuse rosa candida. Jardinier aux mains vertes, c'est peut-être une des seules choses dont il soit sûr. Il a aussi un enfant avec Anna, conçu dans la serre lors d'une unique étreinte la nuit de ses vingt-et-un ans. Il y a dans ce livre un passage superbe où Arnljotur raconte la naissance de sa fille. Cette sincérité candide qui fait tout le charme du livre fait palpiter des vérités qui pulvérisent les idées préconçues. Comment dire que c'est frais, vivifiant, plein d'humour? Jamais Arnljotur ne se prend au sérieux, il pose ses questions sur le corps, la paternité, le désir, la mort. Des questions qui sont venues forcément nous déranger à un moment où l'autre et qui, écrites là, ont toujours leur ingénue beauté sans réponse.

"Un mot et tout est sauvé. Un mot et tout est perdu. J'ai chaud. J'ai froid. Quel mot sera assez puissant pour effacer tout un corps d'homme et renverser la situation en ma faveur? Je me retrouve à la case départ de ma quête de vérité. Non , je suis en plein milieu d'un torrent en crue, dans la spirale d'un tourbillon et je ne vois plus la terre, il est clair qu'en vingt-deux ans , je n'ai rien appris."

1 commentaire:

bouclette a dit…

Je viens de refermer ce livre sur sa dernière page après en avoir ralenti la lecture pour en étirer les derniers moments, pour quitter le plus tard possible cette candeur, cette sérénité, ce calme d'une ambiance délicieusement envahissante. Si j'étais Flora Sol, si j'avais 9 mois, je dirais juste : "beau" ...