dimanche 9 janvier 2011

¨Passé sous silence d'Alice Ferney aux éditions Actes Sud (roman)

Quand on a lu et aimé Paradis conjugal, on ne peut malgré les voix dures de la critique passer à côté de ce nouveau livre d'Alice Ferney. C'est l'histoire d'un Empire qui doit gérer une guerre d'indépendance avec une Terre Du Sud. L'Empire a engagé son armée mais le conflit s'enlise, l'état appelle à la rescousse Grandberger qui attendait son heure. L'histoire si elle est vraie, nous enseigne avant tout qu'elle tient dans la main de quelques hommes dont les portraits sont universels.  Peu importe si  les protagonistes sont rebaptisés;  ici le Général De Gaulle se nomme Jean de Grandberger, vouvoyé avec respect et le colonel Bastien-Thiry, Paul Donnadieu qu'elle tutoie comme pour marquer sa compassion. Contrairement à ce qu'on pensé certains critiques et la fin du livre en témoigne, elle n'a pas cherché à faire de Donnadieu un héros. Celui qui a tenté maladroitement d'arrêter Grandberger de faire l'indépendance de la Terre du Sud, est pétri de convictions patriotiques, religieuses, humaines qui ne comprennent rien à la politique. Alice Ferney est un écrivain des conflits intérieurs, des enfermements dans des idées, des déceptions. Elle a plus d'affinité avec cet homme droit, de devoir, idéaliste que pour  le réalisme politique du Grandberger, diplomate et calculateur. Elle explique si bien le désespoir de l'un face aux certitudes d'un autre. Quand le passé condamne à l'immobilisme Donnadieu, l'avenir s'éclaircit dans une analyse visionnaire chez Grandberger. L'écriture est vibrante, s'attachant à toucher au plus près des motivations intimes de deux hommes frères dans l'intransigeance. Elle rend à Donnadieu du sens et l'on pleure à la fin de cet inutile sacrifice, avec ce suspens terrible de la grâce qui ne viendra jamais. "On devrait obliger le chef de l'État qui refuse sa grâce à assister à l'éxécution. Voir mourir l'aiderait à choisir la clémence. Si, à la manière de Jean de Grandberger, il persistait dans la rancune et le jugement absolu, il affronterait du moins la réalité violente que cachent les mots abstraits d'un verdict. Car l'éxécution n'est pas symbolique comme le sentence, elle n'est que prosaïque : un corps tombe et se relâche. Mais puisque la procédure fiche la paix au chef de l'état, le dimanche soir Jean de Grandberger se coucha. "p 202

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