mercredi 19 mai 2010

Le coeur est un noyau candide de Lydia Millet

Trois physiciens, pères de la bombe atomique, sont transportés en 2006 juste après le premier essai de Juillet 1945. Reconnus pas Ann, une jeune femme qui va les héberger, commence une aventure rocambolesque articulée entre le regard des physiciens sur notre monde actuel et une réflexion sur les conséquences de leurs actes. C'est totalement délirant, chaotique mais en même tellement réel sur l'impossibilité des hommes à maîtriser les évènements de l'infime au gigantesque. Ces trois cerveaux, extrêmement rationnels sont débordés de tous les côtés par l'argent, les courants d'idées, les religions, les médias ou la politique. Eux veulent changer le cours du monde, tandis que Ann s'interroge plus individuellement. "Quand j'étais petite, j'étais dans la maison de mes parents, désœuvrée, et j'attendais qu'on me dise quoi faire. Dans ces moments-là, il y avait cette impression statique, cette sensation de gel. Faite de réticence et en même temps d'une certaine anticipation. Cet écartèlement entre faire quelque chose et ne rien faire.
A l'époque, je ne savais pas ce que c'était, mais aujourd'hui je le comprends.
C'était la forme que prendrait le reste de ma vie."
Des personnages plein de contradictions, qui trainent une mélancolie stoïque, idéalistes et candides. C'est un livre important qui fait une analyse fine mais déprimante de notre société. En lisant les critiques, j'ai vu qu'on mettait cet ouvrage dans la ligne de ceux de Richard Powers, livres denses et scientifiquement très documentés. Toutefois, c'est long 557 pages et Richard Powers traite l'intime et les sentiments avec plus de profondeur, expliquant ainsi la difficulté d'être vraiment dans le monde. Globalement, c'est intéressant, je suis allée jusqu'au bout. A la fin, on se sent juste un peu révolté mais jamais transcendé, éclairé sur des évènements effrayants mais toujours aussi impuissants. Alors s'extasier sur la beauté du monde, connaitre en tremblant sa fragile réalité m'a laissée abandonnée sur le mot fin.

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