vendredi 9 avril 2010

Paradis conjugal de Alice Ferney

Alice Ferney a écrit là un très beau livre intérieur ... Histoire d'une femme d'intérieur mais pas seulement . Elsa Platte regarde chaines conjugales de Mankiewitz sur son canapé, elle a 4 enfants, était danseuse. On comprend très vite que ce film l'habite depuis quelque temps, qu'elle le regarde comme sa vie. D'emblée on s'asseoit avec elle. Forcément, elle nous interpelle avec ses interrogations sur le sexe et le désir qui font échos aux images. Sa solitude est vibrante malgré la présence de ses deux grands enfants avec elle sur le canapé. Son angoisse nous percute quand elle redit tel un letmotiv la phrase que son mari a dite la veille au soir : "Demain soir et les soirs suivants, prépare-toi à dormir seule. Je ne rentrerai pas." Là est la souffrance et en face ce film qui "remédie à son chancellement intérieur". Elle explique comment une oeuvre d'art bouleverse, lui permet de donner un sens et de se mettre en scène, dégagée de la réalité.p41 "l'oeuvre cause une émotion, lui offre une parole, un exemple, un miroir, une histoire jumelle, une musique, une question, une réponse, un embellissement, une compagnie". Elle trouve dans cet échantillon de femmes qui traverse le film des réponses. Elle est chacune grâce au film mais n'est qu'elle même dans l'existence. Au début du livre, la réalité de la vie d'Elsa Platte est encore très présente. Avec beaucoup de finesse, Alice Ferney décrit cette féminité de la sensualité à la sensibilité, de la danseuse à la mère, du désir amoureux à l'amour conjugal. Dans cette main d'homme qui touche la peau de sa femme, elle a donné des mots à tout ce qui se joue de désir et de non-désir; de l'amour et de la difficulté d'y répondre. Le point de vue est extrèmement féminin mais sans féminisme, c'est une remise en question constructive des rapports hommes-femmes.

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