mercredi 17 septembre 2014

L'homme a la voiture bleue de Sébastien Gendron coll Rat noir aux éditions Syros

Les parents d'Antoine se sont séparés. Il est parti à Lyon vivre avec sa mère. Son père a refait sa vie à Villameuse avec Marie Ange. Elle a un grand fils Victor un peu mutique qui a pour passe-temps de bricoler des mobylettes dans le garage. Ne pas se laisser envahir par le classique du décor. Les personnages n'y peuvent rien si le monde tourne de cette façon. Ce qui est intéressant ce sont les personnalités qui vont s'affirmer très vite sous la plume de Sébastien Gendron. Le lieu où vit le père d'Antoine devient rapidement un maillon fort de l'histoire. En effet, c'est une résidence sécurisée avec gardien et digicode où les gens se protègent de l'insécurité ambiante. Mais c'est un bout de société avec les mêmes individus qu'on circonscrit. L'intérieur du cercle n'est pas moins fragile que l'extérieur. Depuis quelque temps quand Antoine vient voir son père, Victor n'est pas là. Inquiet, il s'indigne et se révolte lorsqu'on lui apprend que son demi-frère est en prison pour homicide. Il a de l'étoffe et on saisit bien que la situation familiale lui a donné des manières de penser autonomes car contrairement à ces adultes dépassés par les évènements, il ne se résigne pas. C'est un gosse qui a pris sa vie en main, déjà très mature. Remontant le fil des évènements, il casse le petit confort de ces gens qui veulent la paix chez eux. Tout le monde y croit à la culpabilité de Victor, c'est le coupable idéal avec son look de petit voyou et sa mobylette... Même les parents accablés sont convaincus. Je spoilerai à peine en révélant qu'Antoine va réussir à innocenter Victor en prenant quelques risques. Pas de surprises, les coupables seront démasqués. Tout l'intérêt de ce roman, vivement mené, avec des sanglots, de la tendresse, de l'humour est dans le questionnement sur nos responsabilités dans la culpabilité des uns et des autres. Chacun joue son rôle parce qu'il cherche à se protéger ou à protéger quelqu'un... Intéressant dans une société où fleurissent ces résidences ultra barricadées, les barrières érigées entre nous et le monde réel grâce aux réseaux sociaux sur l'internet. C'est un petit gars bien Antoine, un peu solitaire mais il est dans le concret, il ne passe pas sa vie à regarder des séries, un peu différent des garçons de son âge et en plus il a l'air de s'investir à l'école. De quoi s'identifier dans le bon sens...

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