mardi 21 janvier 2014

Dans la Route de Maryline Desbiolles coll fiction et cie aux éditions du Seuil

Dans la route, chemin risqué, on sort couvert de goudron et de la plume de Maryline Desbiolles. Un bon moyen de suivre un regard par la main, chemin faisant et de s'embarquer dans une oeuvre, une écriture qui rentre dedans si loin de l'indifférence. La route est une portion, celle qui passe devant chez les gens et qu'on emprunté d'autres gens. Des traces de pas sur le goudron chaud qui colle et qui pue. Ce livre fait penser à des installations visuelles que l'on trouve dans les galeries d'art contemporain. Sur l'écran noir se jouent des scènes que Maryline Desbiolles a saisi avec un regard chaleureux, ému, effrayé parfois, amusé et drôle. Elle n'épargne pas, trop facile. Au contraire, tous ces drames minuscules en sortent grandis, transcendés par l'écriture. Elle croque les gens, les avale dans son livre qui s'anime de phrases longues comme des kilomètres à pied. On la suit à bout de souffle jusqu'au bout du mot. Les gars qui travaillent là, lui ont fait un petit chanfrein pour qu'elle puisse y rouler. Elle leur devait bien des lignes autres que des traces de pneus sur le sable. Et les voisins, tous bizarres, on les connait c'est évident mais nous quand on raconte, on est toujours un peu trop cruel, pas assez drôle mais pas Maryline Desbiolles. Le ton est juste quand elle parle du "Méchant changement" et de sa petite esthéticienne, du Sasso et de sa façon d'aimer "appelons ça de l'amour". Elle est sur tous les fronts (ah le chippendale!), embarque dans ses profondeurs, à la source, en passant par le restaurant dans lequel on rêverait de s'arrêter par hasard un jour et se demander ensuite si on ne l'a pas rêvé. Ce court livre parle, emmène en voyage loin. Il révèle avec force ce qu'on ne devrait jamais oublier de faire sur la route empruntée chaque jour, regarder...

On parle Dans la Route de ce portrait, pour ceux qui le chercherait...

p11  (...) mais il ne voulait pas qu'elle lui échappe jamais, appelons ça de l'amour,  les souvenirs de sa femme sont les siens, tous sans exception, et son oubli il le lui a pris aussi, il dit qu'il ne va pas tarder à mourir à son tour, et je l'en crois capable, capable de s'enfoncer le chagrin dans la gorge, dents serrées, yeux fixes, jusqu'au dernier souffle, sans mollir, appelons ça de l'amour, j'ai aimé cette femme, j'aime cette femme (...)


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