mercredi 19 juin 2013

La Battue de Gaël Brunet coll La Brune aux éditions du Rouergue



On se doute un peu de tout dans cette histoire de drame familial. 
Quand Tolstoi dit que "Les familles heureuses se ressemblent toutes; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon", Gaêl Brunet explore le thème et nous fait une démonstration réussie. Les familles sont des marmites où cuisent et recuisent les mots dits, les mots frappés de certitude, les mots injustes. La même émotion surgit au détour d'une page quand avec le héros on redevient le fils, l'Incompris de Comencini. Gaël Brunet campe un personnage fragile qui retourne chez lui après avoir fui l'exploitation familiale où l'attendait un avenir de chèvres et de fromages. A la mort de son champion de frère, il a piqué des sous à sa vieille grand-mère pour partir respirer ailleurs qu'à la montagne où pourtant l'air était bon. Il y avait dans le regard de son père un reproche permanent et dans celui de sa mère un inconsolable chagrin. On fait la route en lacet avec Anouk, la compagne (en) danseuse  qui ne connait pas les parents. Quand une lettre de la mère est arrivée, celle-ci a insisté pour qu'Olivier réponde à l'invitation. Chaque kilomètre resserre l'étau, ouvre la boîte de Pandore. Dès les premiers échanges, la demoiselle s'agace vite des agressions paternelles à peine déguisées et des lâches esquives de son prince devenu méconnaissable. Il faudra bien une battue pour trouver le loup et avoir sa peau après l'avoir tué pour que la vie reprenne, pour que cette famille entende la vérité de chacun et pas celle que la mort voudrait afficher avec le mot fin.
Le style de Gaël Brunet révèle doucement des secrets, affine les caractères et réussit à faire de cette histoire un peu la notre. Il parle juste des tensions que le temps a installé d'anecdotes en petits mensonges, de silences en vérités indicibles. Rien de nouveau certes mais on replonge avec émotion dans ces conflits intimes qui détruisent ou construisent, de vieilles chasses au loup qu'on a menées aussi, retrouvées là dans les pages de La Battue.

"-Repose ça tout de suite et sors d'ici. On verra ça plus tard. Je t'apprendrai pour les maquettes. Sache tout de même que c'est une bonne nouvelle que tu te décides enfin à t'intéresser à quelque chose, m'avait-il dit." p136

1 commentaire:

Marcon Guy a dit…

La battue de Gaël Brunet.
Un beau roman, bravo Gaël !
Il suffit de le lire pour se retrouver en montagne !
Un conflit entre un fils et son père...Suspense !

Guy Marcon