jeudi 21 mars 2013

Le dit de l'Hyperboréen dans Un monde ouvert de Kenneth White

longtemps le monde a été une auberge
une taverne sur les derrières du ciel où tous étaient anuités et perdus
mais je dis que le monde est un champ de possibles
l'envol de sauvages poèmes.

Nourris le feu et allume ta lampe
sans te soucier du froid ni du noir qui s'en vient
prends tes bouquins continue tes études
et que personne n'aille dire que tu as peur du silence
ou qu'à t'apitoyer sur toi-même tu t'es pourri

les bêtes hurlent à la lune elle les fascine
mais toi prends-lui sa force et tourne-lui le dos
et puis écris dans ta propre blancheur
trace ton propre parcours
toutes les mues cachées de l'hiver

laisse la vieille buse jeter sa morve et faire des siennes
de la neige tisse-toi une chemise de flanelle
avec un pan épais pour te couvrir les fesses
fais usage de la pluie pour fabriquer ton grog
et du vent pour tourner les pages de ton livre

la force personnelle peut faire des prodiges
sans elle le talent n'est rien
augmente ta vie
trempe-toi le caractère
et tire profit à plein de cet hiver.

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