vendredi 20 janvier 2012

Les foudroyés de Paul Harding traduit de l'Américain par Pierre Demarty coll lot 49 aux éditions du Cherche Midi

Un très beau livre qui multiplie les images et rend féérique la nature. Ce n'est pas une folle histoire, c'est simple et touche une profondeur existentielle que peu de romans que j'ai lu ces derniers temps ont atteint. Merci Monsieur le Journaliste qui tenait en Décembre 2011 à citer ce livre comme un trésor oublié de l'année...
George trône au  milieu du salon dans son lit médicalisé. Pas de chapitres juste un compte à rebours : "George Crosby se mit à avoir des hallucinations huit jours avant de mourir." Le temps s'effondre de même que l'espace. Fragments éparpillés des souvenirs que George rassemble comme un puzzle à plusieurs dimensions tentant d'accéder à l'ultime agencement : "George se souvint de beaucoup de choses en mourant, mais dans un ordre sur lequel il n'avait aucune prise". Jamais morbide, ce livre cherche un homme, George, mais aussi ceux de qui il est fait.  Les descriptions somptueuses des forêts du Maine où l'homme pénètre et fusionne, on lit la nature dans son langage foisonnant et lumineux. Au mécanisme sans surprise et complexe des horloges dans lequel parfois Paul Harding nous égare s'oppose dans des strates multiples la vie secrète et multiforme de la nature linceul et matrice.

P71 : "Tes matins froids sont remplis de chagrin qui te vient à l’idée que, quoique nous y soyons peu à notre aise, ce monde est tout ce que nous avons, qu’il nous appartient mais qu’il est plein de discorde, et qu’ainsi nous ne possèderons rien d’autre qu’un peu de discorde ; et pourtant c’est toujours mieux que rien, n’est-ce pas ? Et lorsque de tes mains engourdies tu fends le bois enguipuré de givre, réjouis-toi car ton incertitude est la volonté de Dieu et la grâce qu’Il t’accorde et c’est cela qui est beau, et relève d’une plus vaste certitude (…). Et quand la hache mord dans le bois, trouve le réconfort à te dire que la douleur de ton cœur et la confusion de ton âme signifient que tu es toujours vivant, toujours humain, et toujours ouvert à la beauté du monde, même si tu n’as rien fait pour la mériter. Et lorsque la douleur de ton cœur te contrarie, souviens-toi : Bien assez tôt tu seras mort et enterré."

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