mercredi 30 novembre 2011

Le premier été de Anne Percin coll La Brune aux éditions du Rouergue 16 euros

Anne Percin revient après Bonheur fantôme avec ce petit roman... On pouvait avoir peur, une angoisse d'être déçu tant le souvenir du premier gardait une belle présence dans l'étagère des plaisirs de lire. Elle m'impressionne parce qu'elle ose des sujets d'équilibriste et échappe avec un belle maitrise à l'appel du vide. Le décor, les relations entre protagonistes, tout s'harmonise dans une mise en scène menée de main de maitre. Deux soeurs se retrouvent dans la maison des grands-parents pour la vider et prendre ce qui les intéresse. La narratrice est restée célibataire et sauvage, l'autre a deux enfants et une sociabilité de bon goùt. Les vacances, c'était là, dans la campagne ingrate entre potagers, rivière et après-midi à la piscine. Tous les étés, se reconstruisaient entre la colo et les gamins du village des liens que le hasard imposait avec ses petites histoires et ses mesquineries.  Mais voilà, à la sauvage, à la célibataire il est arrivé une aventure extraordinaire que la vie un peu formatée de la soeur ne lui permettra même pas de soupçonner. Le Grand Maulnes n'est pas loin, entre fantastique et mélancolie, rêve et réalité terrifiante. Anne Percin déploie avec une infinie justesse des sentiments variés de la sensualité la plus crue à la tendresse rassurante de grands-parents. C'est exactement construit comme un conte et la magie opère. Peut-être faut-il avoir lu dans le grenier poussiéreux de sa grand-mère les "bonnes soirées" pour apprécier pleinement ce mélodrame? Cet endroit bien enfoui, on le connait et on y retourne complètement l'espace de ce premier été. Et c'est excellent.