samedi 4 juin 2011

Que font les rennes après Noël? d'Olivia Rosenthal aux éditions verticales

Le livre sort un peu de l'ordinaire. Par un jeu de miroir subtil, Olivia Rosenthal met en parallèle les soins d'élevage, l'expérimentation animale, l'éthologie avec l'éducation d'une petite fille. De petits paragraphes courts très didactiques sur les animaux s'opposent à la vie de cette jeune-fille où le "vous" nous interpelle avec insistance. Certaines  phrases qui reviennent comme des litanies agaçantes posent indirectement des questions déconcertantes. On sent une révolte sourde à chaque détour de phrase. Les animaux et les humains sont manipulés à un infime concept près qui fait toute la différence mais aussi tout le rapprochement. C'est gênant parce qu'au fond ce traitement des animaux renvoie intimement au carcan éducatif et social touchant à des contraintes profondes que notre adaptation au monde a rendu nécessaire. Olivia Rosenthal insiste, pèse, répète, déstabilise son lecteur de manière intéressante s'appuyant sur un style sans faux-semblants fait de phrases courtes et coupantes.Il ne s'agit pas d'un réquisitoire sur les animaux en captivité, plutôt un cri fondamental solidaire avec l'animal pour la liberté. 
p 123 : "Vous découvrez que, contrairement à ce que vous disent les spécialistes des animaux en captivité, l'ennui n'est pas pire que la mort. Il en constitue  la forme lente, la lente mesure d'un temps qu'on ne sait utiliser parce qu'on n'a pas appris à penser par soi-même, à agir par soi-même, à sentir par soi-même, à souffrir pas soi-même, à vivre par soi-même. On s'ennuie de ne pas être indépendant et de ne voir devant soi aucun moyen de le devenir. En captivité, l'imagination s'épuise."

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