mardi 7 décembre 2010

Tout piller tout brûler de Wells TOWER, traduit de l'Anglais par Michel Lederer, Albin Michel

Comment faire d'une vie minable quelque chose qui laisse dans notre imaginaire des traces indélébiles? Les personnages de Tower regardent le monde comme s'ils n'en faisaient pas partie, irresponsables. La vie les a mis de côté. Beaucoup d'évènements leurs échappent, ils sont largués, perdants. Dans la première nouvelle, l'apparition du catamaran comme une représentation du bonheur inaccessible, provoquant, est très puissante. Évidemment, on pense à Carver mais Tower est plus violent dans les rapports physiques de ses personnages au monde. Il y a de la bagarre, des combats inutiles surtout qui mettent en scène le moment où tout bascule, une colère qui couvait depuis longtemps contre une malédiction enfouie, une vulnérabilité brusquement insupportable.
Le recueil tient son titre de la dernière nouvelle qui est complètement décalée par rapport aux autres. On change d'époque et de registre. Sous la forme d'un  conte baroque, il raconte les expéditions cruelles et vengeresses d'une tribu de viking pendant que l'un d'entre eux fait part de ses pensées profondes sur la beauté du monde et la fragilité du bonheur familial. C'est complètement délirant et l'humour ravageur de Tower atteint des sommets. 
Un livre très fort et affreux avec des situations de tensions énormes dans de petites choses infiniment humaines, rancoeurs mêlées d'amour, mal-être d'adolescents, pères malheureux, frères ennemis.


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