mardi 10 décembre 2013

Confiteor de Jaume Cabré traduit du catalan par Edmond Raillard aux éditions Actes Sud

"Ce n'est qu'hier soir alors que je marchais dans les rues trempées de Vallcarca, que j'ai compris que naître dans cette famille avait été une erreur impardonnable."
Adria veut obtenir le pardon et au moment où ses souvenirs vont lui échapper, il écrit, il avoue pour tous. L'épopée remonte à l'origine du mal mais y-a-t-il un commencement ? De l'inquisition, en passant par les camps de concentration, les crimes individuels, de petites trahisons en grandes combines,  franquisme, euthanasie, homosexualité, Alzheimer, Confiteor est encyclopédique et savant. Il ne s'attarde pas sur le respect d'une chronologie, mélange les points vue narratifs, se targue de philosophie, de réflexions sur l'existence de Dieu, pleure sur les amours ratés. La musique, la littérature, la peinture ouvrent sur d'autres pistes encore. Trois objets, une médaille, un violon storioni et une vieille serviette de table servent d'instruments du drame. Les personnages sont tous coupables prenant en otage le lecteur qui ne sait plus comment sortir de cet enfer, pris au centre d'un tourbillon où les interlocuteurs changent sans cesse par un glissement du il au je. Les époques se chevauchent perpétuant des conversations dévastatrices d'un siècle à l'autre, comme en écho. Le bruit est étourdissant, l'émotion écrasée par la verve de l'auteur qui en plus a fait de son héros un polyglotte. De quoi y perdre son latin!
Que ceux qui aiment les grandes sagas romanesques s'y jettent mais attention concentrés. Poètes s'abstenir...

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