jeudi 12 septembre 2013

La maison des chagrins de Victor del Arbol traduit de l'Espagnol par Claude Bleton aux éditions Actes Sud collection actes noirs

Une première phrase qui réjouit:
"Un paysage ne ment pas, mais le regard le déguise, ce qui le rend toujours différent, comme s'il devenait un reflet de notre état d'âme."

Et un tableau de Jan Van Eyck "Les époux Arnolfini"
Un roman extrêmement sophistiqué. Techniquement on pourrait parler scénario convergent. A chaque coin du livre des personnages qui se rapprochent, les destins se croisent et s'entremêlent. Mais est-ce seulement du hasard? Il y a quand même surabondance d'accidents de la circulation violents, des types au violon mais pas seulement pour la passion de la musique, un portraitiste profondément dépressif, des gens malheureux à ne plus avoir de larmes, des enfants morts, disparus, psychotiques, maltraités. Teinté de culture générale et appuyé de réflexions solides sur la nature humaine, ce livre est réjouissant malgré le mécanisme diabolique qui se met en place et vous enferme à ne plus éteindre la lumière. L'histoire est inénarrable mais le livre à lire, ça sera plus clair ou plus sombre...
Cette description très réussie d'un personnage pour vous mettre en lecture :
"Le dernier amant en date était un homme qui avait raté sa vie. Il avait à peine la cinquantaine. Il arrivait en costume de serge froissé, avec parfois un bouton de chemise ouvert à hauteur du nombril, comme s'il avait succombé à la poussée de son ventre. Il avait de longues pattes frisées et une petite moustache hitlérienne, un peu tombante du côté droit, on aurait dit une paralysie. Il tenait un paquet de cigarettes Lola dans la mains droite et une cigarette entre l'index et le majeur. Il avait les doigts jaunis et les ongles à l'abandon, comme ses vêtements et ses bottines noires boueuses. Au début, il regardait Olga avec indifférence, comme une chose inévitable qui ne méritait pas d'attention. Il avait rarement le sourire, ou alors il était forcé, et il était loin d'être réussite." P169
On le voit le bonhomme, non?



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