jeudi 29 novembre 2012

Que nos vies aient l'air d'un film parfait de Carole Fives aux éditions LePassage

Un couple qui divorce. La mère fragile n'a plus la garde des enfants. Grâce à sa fille, elle obtient une lettre du petit frère que les juges l'autoriseront à reprendre. Elle part avec lui dans le Sud vivre dans une communauté hippie. Fin d'une fratrie qui ne se retrouvera que chez les grands-parents, échangés sur les aires d'autoroute, l'intimité perdue, la complicité effacée. La grande soeur  tourne autour de la cage vide du petit frère, des restes de maquette. Tous coupables mais surtout celui qui sait qu'il l'est.  Carole Fives cite Nathalie Sarraute en exergue "Ce que nous ressentons n'est inscrit nulle part" et "surtout pas par les autres" pourrait-on ajouter. C'est un livre à trois voix.: le père, la mère, la sœur. De la plage d'Hardelot où les parents annoncent : "nous avons décidé de divorcer" la sœur s'adresse au petit frère. Les voix tracent leur histoire entre le chagrin et la haine, la dépression et la folie. Une époque surgit dans la musique évoquée : celle où les pères avaient surtout le droit de verser une pension alimentaire, où l'intérêt de l'enfant n'était pas toujours examiné. Un livre triste d'errance et de culpabilité portée par une gamine qui n'en était déjà plus une alors que ses parents... On connait la chanson mais Carole Fives y met sa petite note cinglante dans des phrases à la fois banales et violentes. La construction du livre est parfaite pour cette famille éclatée des années 80 aux liens défaits, aux lits refaits de multiples fois, sans attache, sans passé qui ne se recomposera pas. On ne communique pas d'un chapitre à l'autre. Chacun sa voie jusqu'à Tom qui semble parler d'un autre monde dans la lettre finale. Que pouvait-il faire de mieux que fuir ?
p 13
"Le père a commencé, "Nous avons quelque chose à vous annoncer". Ca t'a glacé d'un coup. Surtout, pour l'entendre dire "nous" pour parler de ta mère et de lui. Comme s'ils avaient pu se fondre en une entité, un "nous" bien identifiable, celui des parents, capable de prendre une décision commune. C'était bien la première fois qu'ils avaient l'air d'accord sur quelque chose, et ça ne t'en a paru que plus suspect."
C'est un  livre court, plein d'émotions, qui met en scène sans artifices le divorce dans les années 80 mais qu'a-t-on donc appris depuis? 

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