dimanche 22 août 2010

Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants de Mathias Enard aux éditions Actes Sud

D'une Zone inexplorée pour ma part à Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants, il y a Mathias Enard à suivre. Il raconte le voyage en Turquie de Michel Ange, sûr de son génie mais payé au lance-pierre par le Pape Jules II occupé à la guerre plutôt qu'au mécénat. Lorsqu'il est commandité pour construire un pont à Constantinople à la demande du Grand Sultan, c'est dans l'espoir d'y récupérer de l'argent et de tourner le dos à des personnes qui ne le considèrent pas assez. En tout cas, lui estime que Léonard de Vinci est un vieillard sénile et jalouse le célèbre Raphaël. On s'interroge rapidement sur la véracité des faits rapportés mais peu importe, on est happé par une écriture poétique, magnifique et classique. On saisit Michel Ange par le regard qu'il porte sur l'architecture, les animaux. Il déambule, entre la mort qui guette dans ce monde instable et des corps à la sensualité envoutante. Il cherche, observe, intègre, dévoré de désirs que le génie enferme dans une inaccessible solitude. Il y a une Shérazade qui scande le récit à la manière des mille et une nuits. C'est un rêve éveillé sur un court épisode de la vie de Michel Ange qui a peut-être inspiré sa créativité ultérieure, à commencer pas la coupole de la Basilique St Pierre ou son Adam de la Chapelle Sixtine qui pourrait bien être Turc. Cent belles pages qui donnent envie de partir à Istambul sur les pas de Michel Ange.

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