dimanche 13 mai 2012

Les mouflets de Susan Minot coll du monde entier chez Gallimard

Ingrid Thobois ( auteur de Sollicciano chez Zulma) est une sacrée lectrice. En déjeunant ensemble, c'est une véritable salade de livres que nous avons savourée. Elle nous a parlé avec enthousiasme de Susan Minot. Il y avait Mouflets prix fémina étranger 1987 à la bibliothèque de Villefranche. Un merveilleux conseil pour ce roman familial à la fois léger et essentiel même si je crois me rappeler que celui-là, elle ne l'avait pas lu (il y en a d'autres à découvrir donc!). 
Un père assoiffé, une mère dénommée Rosie (à cause d'African Queen et Humphrey Bogart un peu porté lui aussi sur la boisson) et leurs sept mouflets dans les Etats Unis de Février 1966 à Mai 1979. L'enfance prend corps dans un quotidien fait de fermetures à glissière, de petites vacances, jeux et disputes, repas de Noël. Tout est profondément juste jamais trop écrit. Le monde des adultes fait des brèches dans l'univers clos de la fratrie si impénétrable dont le regard acéré capte cependant l'essentiel d'une solitude, d'un désespoir enfoui. Jusqu'au dramatique accident de maman qui fait que dans chaque jour qui se lève "plus rien n'était comme avant". Le drame exaspère les failles, les personnalités s'individualisent de fêtes en accidents, d'éloignements en tentatives de réparation. C'est magistral tant au niveau de l'écriture qui change de point de vue, se place dans un des enfants ou s'en écarte pour jouer le jeu de la narration que dans le pouvoir d'évocation formidable que Susan Minot arrive à donner à des scènes simples. C'est là que la famille puise sa force simplement  dans sa façon unique d'être banale. Jamais larmoyant, souvent drôle, on a là un portrait de père finement dessiné, des enfants palpables sous les mots et une mère pleine de charme que trouble avec sensibilité un immense désarroi.

Aucun commentaire: