dimanche 26 septembre 2010

L'été de la vie de John Maxwell Coetzee

C'est le troisième volet de son autobiographie et pour quelqu'un né en 1940, c'est prodigieusement surprenant de vouloir autant parler de soi. Il s'agit évidemment d'un autre point de vue où Coetzee cherche à échapper à l'extrême au narcissisme et ce, avec une grande sincérité pas comme ces faux modestes qui, du dénigrement, font un faire-valoir. On trouve des extraits de son journal intime avec des notes pour des idées de roman et un ton généralement désenchanté pour décrire le monde qui l'entoure et le rôle qu'il y joue. Puis il fait le mort...C'est une façon élégante de libérer la parole,  passés les éloges funèbres, afin que ceux qui vous ont connu s'expriment franchement. On n'est pas déçus. Il veut absolument que le lecteur comprenne que ce n'est pas parce qu'on est prix Nobel qu'on fait l'amour comme un Dieu, qu'on peut tomber amoureux et être éconduit méchamment, enseigner sans vocation et être un peu inadapté. On a là un homme qui fait écho à ses héros, celui que l'écrivain maquille dans ces personnages de fiction comme dans Mickaêl K sa vie son temps. Chez Coetzee,  l'engagement n'est pas dans la démesure mais plutôt dans le dénuement et la faiblesse humaine, en dehors de la politique. "La politique est trop commode et trop attrayante comme théâtre où nous pouvons mettre en scène nos émotions les plus viles. Par émotions les plus viles comprenez la haine et la rancœur, le dépit et la jalousie, les instincts sanguinaires et ainsi de suite." C'est dur de se dire vraiment, mais il y réussit en maître de l'ironie qui comme le sel "crisse sous la dent avec une saveur éphémère; cette saveur disparue, il reste la brutale réalité." L'homme qu'il est, a fait de lui un grand écrivain et c'est ce que nous en retiendrons.

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